Travailleurs humanitaires en Syrie

À quoi ressemble la vie des travailleurs humanitaires en Syrie ?

Voici Farid. Au cours de l’hiver 2011, il avait hâte de commencer ses études de troisième cycle à Alep, en Syrie.

Mais lorsque la guerre civile sanglante a éclaté dans son pays, il a été confronté à un dilemme difficile. Devait-il fuir le conflit et la violence, ou rester pour apporter une aide indispensable à ses compatriotes syriens ?

PRENDRE DES DÉCISIONS DIFFICILES


La décision de Farid de rester en Syrie n’a pas été facile à prendre.

Farid et plusieurs amis ont organisé un comité pour distribuer de l’aide en Syrie. Peu après, il a commencé à travailler avec ReliefAid pour distribuer de l’aide humanitaire dans les régions les plus touchées de Syrie pendant six ans.

Depuis lors, Farid a souvent été confronté aux dures réalités de la guerre et aux ravages qu’elle a causés sur des milliers d’innocents, dont son propre ami.

Il nous a parlé et a pris le temps de réfléchir à sa vie dans une zone de conflit et à son travail pour ReliefAid.

 

*ReliefAid est l’un des partenaires de ShelterBox en Syrie, qui fournit des articles d’urgence aux familles vulnérables touchées par la brutalité de la guerre.

Q. Avez-vous un souvenir particulier qui témoigne de la fragilité de la vie dans les régions déchirées par la guerre ?

A. Un jour, un ami et moi étions en train de distribuer de l’aide dans un quartier que je connaissais bien. Après avoir terminé, il a mentionné qu’il avait rendez-vous avec une fille […] et m’a invité à aller au marché pour l’aider à choisir de nouveaux vêtements à porter pour le rendez-vous.

Mais je ne l’ai pas accompagné car la journée avait été épuisante et je voulais dormir un peu. Je lui ai donc souhaité bonne chance pour la soirée et nous nous sommes séparés.

Peu de temps après s’être dit au revoir, j’ai appris que le marché avait été bombardé par un baril explosif lâché par un hélicoptère survolant la ville, et que mon ami avait été tué.

À ce moment-là, mon seul souhait était de l’avoir accompagné au marché.

Q. Vous apportez de l’aide en Syrie depuis un temps considérable, pouvez-vous me parler des besoins spécifiques des personnes que vous avez rencontrées ?

A. Pour l’instant, les gens ont simplement besoin d’articles pour les aider à survivre. Mais à l’avenir, une fois que la sécurité sera revenue, nous l’espérons, l’objectif le plus important sera de relancer et de faire progresser le processus d’éducation.

En tant que société, nous devrons réhabiliter les établissements scolaires et développer un système éducatif afin de créer les hommes et les femmes de demain qui reconstruiront la Syrie.

Q. Dites-nous comment la vie des gens a été améliorée par l’aide que vous avez distribuée ?

Les matériaux que nous distribuons ont permis de protéger les gens contre les conditions climatiques extrêmes et leur ont donné plus d’espace et d’intimité pour leurs familles.

Nous avons pu préserver la vie en leur donnant les outils nécessaires pour purifier l’eau à boire. Nous distribuons également des vêtements adaptés aux saisons aux communautés vulnérables et plus particulièrement aux enfants.

PAROLES DE PAIX

« L’homme qui construit des civilisations doit être plus important que les intérêts politiques basés sur le racisme et qui suivent les pires méthodes pour atteindre leurs objectifs. Nous devons arrêter les combats et faire en sorte que la paix aide tout le monde de manière égale. » – Farid

Q. Quels sont vos plus grandes craintes et vos plus grands espoirs pour la Syrie et vos concitoyens ?

A. Notre plus grande crainte est que la guerre continue et que le pays soit encore plus divisé. Notre plus grand espoir est que la guerre s’arrête et que la paix prévale.

Les personnes que nous aidons sont incroyablement résilientes et pleines de ressources, mais elles n’ont pas le choix car elles sont victimes d’une guerre cruelle.

L'espoir d'un futur meilleur


Q. Quel est votre article d’aide préféré et pourquoi ?

A. Les lampes solaires car elles permettent aux enfants de faire leurs devoirs.

Q. Comment faites-vous pour être le plus en sécurité possible lorsque vous distribuez de l’aide ?

A. Nous calculons (autant que nous le pouvons) la probabilité que les frappes aériennes aient lieu à certains moments de la journée. Nous évitons de programmer la distribution à ces moments-là et nous choisissons des endroits non couverts pour la distribution, des endroits qui sont difficiles à voir par les avions, au-delà de cela nous sommes juste incroyablement prudents lorsque nous nous déplaçons entre les points de distribution.

Q. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur le groupe de personnes avec lesquelles vous travaillez ? Tous ceux qui pourraient distribuer de l’aide ne le font pas. Par conséquent, quelles sont vos motivations personnelles pour le faire ?

A. Tous les jeunes hommes de mon équipe ont été blessés d’une manière ou d’une autre, ils ont perdu leur avenir éducatif, leur emploi, et ils ont estimé que c’était et que cela reste leur devoir d’aider leurs compatriotes syriens et de leur fournir les produits de première nécessité.

Q. Que pensez-vous que vous feriez en ce moment si le conflit en Syrie n’avait pas envahi le pays ?

A. J’aurais très probablement terminé ma maîtrise et je serais en train de préparer un doctorat, dont la thèse porterait sur une usine portable de désalinisation de l’eau qui fonctionne à l’ozone et approvisionne le nord de la Syrie en eau potable.

Q. Qu’espérez-vous pour votre propre avenir ?

J’espère revoir ma famille, terminer mes études, me marier et fonder une famille. Les choses simples de la vie.

Nous avons soutenu plus de 50 000 familles touchées par le conflit sanglant en Syrie.

Mais notre travail ne s’arrête pas là. Des milliers de familles vivant en Syrie et dans les pays voisins n’ont pas d’abri, nulle part où aller et aucun espoir pour l’avenir.

Nous travaillons pour changer cela. Nous sommes impatients de voir un monde où aucune famille n’est laissée sans abri.

NOTRE ACTION EN SYRIE

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